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Message par Guillaume Mar 16 Avr - 4:31

« Je me suis cherché moi - même »
Héraclite, Fragments, 61, trad. M. Conche
«  Je vous le dis, il faut avoir encore du chaos en soi pour enfanter une étoile dansante. »
Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra, Prologue, trad. G. Bianquis




Avant-propos
Les différentes occurrences de la notion de vérité chez Hegel

On ne peut qu’être étonné, à la lecture de l’œuvre de Hegel,  des différentes acceptions de la notion de vérité et de la polysémie que recouvre ce terme chez un auteur qui a entrepris une élucidation systématique  de l’ancienne Métaphysique.
On discernera, en ce sens, trois groupes de significations dans les différentes acceptions de la vérité chez Hegel.
Ainsi, on se concentrera, dans le cours de cette étude, d’une part, sur les  différentes anticipations de la notion de vérité, à savoir le problème du rapport qui existe entre la notion de certitude sensible et celle de vérité telle qu’elle a été comprise par Hegel dans la Préface, l’Introduction et le Savoir Absolu de la Phénoménologie de l’Esprit. Dans ce cadre, on étudiera également les positions pré-spéculatives relativement à la notion de vérité ou à l’objectivité telles qu’elles ont été formalisées par Hegel dans le Concept préliminaire (vorbegriff) de l’Encyclopédie des sciences philosophiques.
Après avoir analysé les différentes anticipations de la notion de vérité, on étudiera, d’autre part, ce qui est visé plus précisément par le concept de vérité dans la philosophie de Hegel, à savoir l’Idée en et pour soi ou l’unité du Concept et de l’objectivité dans la Science de la Logique de l’Encyclopédie des sciences philosophiques. Cette partie de notre réflexion nous permettra notamment d étudier l’expression de « pensée objective » qui est comme le but ou la vérité visée par la philosophie selon Hegel.
Enfin, on déterminera le Concept ou la définition de la Vérité, ce qu’elle est dans la philosophie de Hegel. On étudiera, en ce sens, la conception non représentative qui est donnée par Hegel de la vérité comme « l’accord d’un contenu/objet avec lui même » dans les Additions au paragraphe 172 de l’Encyclopédie des sciences philosophiques. On étudiera, de surcroît, la doctrine du Savoir Absolu telle qu’elle se présente et se manifeste dans la Phénoménologie de l’Esprit.
         ***
Dans le Concept préliminaire (Vorbegriff), Hegel va procéder à l’examen systématique des positions de la pensée relativement à l’objectivité.
Il procédera ainsi à l’examen de l’objectivité kantienne qui consistera en l’analyse du pouvoir théorique de la pensée.
En ce sens, Hegel va d’abord rendre hommage à la positivité de l’analyse kantienne relativement au statut de l’expérience dans la faculté de connaître (§40).
Ainsi, comme Hume, Kant pose l’expérience comme le seul lien de la connaissance véritable en tant qu’elle ne connaît que des phénomènes : en ce sens, Kant pose l’unité de l’expérience et des catégories mais autrement que Hume. En effet, ces catégories expriment l’a priori de la pensée c'est-à-dire l’objectivité des phénomènes.
Or, et c’est là la négativité de l’apport kantien (§41), l’objectivité des phénomènes est purement phénoménale, donc subjective c'est-à-dire sans vérité ou objectivité réelle.
Cette non-vérité de l’entendement s’exprimera dans l’opposition de l’être et de la Pensée : opposition qui est une auto négation c'est-à-dire l’affirmation de l’entendement dans son absolutisation.
En ce sens, et dans un premier temps, Hegel analysera cette objectivité subjective de la connaissance phénoménale (§42-52) à partir de la déduction transcendantale des catégories : en effet, les catégories ont pour fondement l’identité originaire du Moi (Pensée) qui, par elles, identifie en une expérience le divers sensible rapporté synthétiquement au Moi.
Cependant, le « Je pense », comme fondement des catégories, indique que celles-ci sont « trouvées » dans le « Je pense », c'est-à-dire non posées par lui même.
A ce titre, Hegel insistera sur le fait que la Science de la Logique prouvera les catégories dialectiquement c'est-à-dire comme inhérentes à la Pensée elle même.
Dans un second temps, Hegel critiquera l’opposition kantienne de la Pensée et de la Chose en soi qu’il analysera comme la Pensée absolue, « indéterminée », indifférenciée se saisissant comme l’objectivation chosiste de ce Moi : si bien que la Chose en soi est le « mieux connu ».
Dans un troisième temps, Hegel analysera l’entendement en sa limite et son dépassement : en effet, la connaissance phénoménale se sait limitée par ce qui la conditionne, en tant qu’elle a son fondement en autre chose.
Ainsi, la pensée pense l’inconditionné car elle « connaît » sa « limite » et donc sa possibilité de la dépasser (cf. §60) dans l’Idée en tant qu’identité de l’identité et de la différence.
Enfin, Hegel traitera du problème de l’ « application » des catégories de l’entendement à cette Idée : en effet, la catégorie n’a de sens que si elle est informée par le divers sensible or, l’Idée est inconditionnée et est déterminée « inconditionnellement ».
En ce sens, la position rationnelle des catégories est leur négation même : cette auto négation s’exprimera par l’antinomie de la Raison pure en tant qu’un contenu peut être attribué à l’Idée aussi bien que son contenu contraire.
Or, pour Hegel, Kant a saisi la nécessité d’affirmer également des propositions opposées au sujet de l’objet rationnel : contradiction essentielle à la pensée du Tout.
Néanmoins, pour Kant, la contradiction réside dans la Raison théorique elle même alors que pour Hegel, la contradiction est immanente au procès logique moyennant la dialectique elle même : contradiction inhérente à l’entendement lui même et qu’il s’agira de résoudre dialectiquement.
***

En ce sens, et dans un second temps, la Vérité est à envisager comme l’ob-jet absolu de la philosophie en tant que la Logique est la « Science de l’Idée pure, c'est-à-dire de l’Idée dans l’élément abstrait de la Pensée » (cf. Concept préliminaire, § 19)
Dès lors, Hegel identifie principalement la vérité de l’Idée en tant qu’elle est une totalité  en développement et dont la Logique sera le procès spéculatif : dès lors, il s’agira à travers ce procès de « prouver » la vérité de l’Idée c'est-à-dire sa nécessité logique.
Cette nécessité de l’Idée ou de la Vérité s’organisera selon l’auto développement hors temps du procès logique et dont les moments se succéderont pour le penseur mais pas pour la substance de l’Idée.
En outre, la Vérité s’organisera selon son auto accomplissement en tant qu’elle sera l’unité développée du Concept et de la réalité moyennant le procès de son effectivité.
Enfin, l’Idée, comprise comme l’auto présentation d’une essence éternelle, sera à entendre comme l’Absolu plénitude de sens qui caractérise son déploiement intérieur.
On peut citer à ce propos le § 84 de la Science de la Logique de l’Encyclopédie des sciences philosophiques de 1827/1830 qui exprime en substance cette idée de totalité en développement : « (…) Cette détermination progressive est tout à la fois une ex-position au dehors et par là un déploiement du Concept qui est en soi, et en même temps l’entrée-dans-soi de l’être , un approfondissement de ce dernier en lui-même. L’ex-plication du Concept dans la sphère de l’être devient la totalité de l’être tout autant que, par là, est supprimée l’immédiateté de l’être ou la forme de l’être comme tel (…) »
Le processus logique de la vérité est donc :   Une ex-position
Un déploiement
            Une explication du Concept
en tant que l’intérieur s’extériorise comme intérieur, l’identique se différencie comme identique et où le Concept se retrouve en son identité mais distinctement : c’est un passage du « pour soi » (fur sich) qui mène de l’ « en soi » (an sich) au « dans soi » (in sich) (cf. B.Bourgeois).

la Vérité peut, par conséquent, se signifier par l’unité du Concept et de l’objectivité dans la forme de l’Idée en et pour soi.
En effet, pour Hegel, « l’Idée est le vrai en et pour soi, l’unité absolue du Concept et de l’objectivité (…) l’Idée est la vérité ; car la vérité consiste en ce que l’objectivité correspond au concept (…) Mais aussi tout être effectif, pour autant qu’il est un être vrai, est l’Idée et n’a sa vérité que par l’Idée et en vertu d’elle (…) » (§ 213, p. 446 de la Science de la Logique de l’Encyclopédie).
D’une part, le terme d’ « objectivité » exprime l’unité originaire de l’être et de la Pensée, de l’être et de l’Essence.
Or, cette unité originaire, et comme l’exprime le syntagme de « pensée objective », sera le produit d’une différenciation de soi de l’Être, où la médiation avec soi-même de l’identité produira la différence essentielle c'est-à-dire l’auto différenciation de l’être en l’Essence. Essence qui est à la fois rapport à soi et rapport à un Autre ou le moment de la contradiction interne à la réflexion.    
En ce sens, le terme d’ « objectivité » chez Hegel prend à la fois la signification de « pensée objective » et d’ « effectivité » au sens d’une effectuation rationnelle c’est à dire effective du réel moyennant la détermination du Rapport absolu qui sera le levier de l’échange des déterminations de pensée : de la forme et du contenu, de l’extérieur et de l’intérieur, du Phénomène et de la Chose en soi etc.
Ainsi, tout le problème de la Science de la Logique sera ce changement de méthode dans le positionnement de l’objet face à l’objectivité : où la vérité de l’objet est dans la pensée objective, c'est-à-dire la concrétisation du Concept lui même à travers le rapport de l’être et de l’Essence.
A ce titre, l’ « objectivité », au terme de l’Essence, sera le rapport à soi du Concept dans la Vérité qu’est l’Idée.
Or, ce rapport à soi du Concept se manifestera comme une auto-détermination de soi où il se posera en tant qu’identique à lui même dans son Autre c'est-à-dire l’unité du Concept et de l’objectivité.
En ce sens, cette médiation avec soi sera le procès de l’autoproduction de la vérité.

***
Dans un troisième temps, la vérité s’appréhendera en tant que « l’accord de l’objet avec lui-même » ou « l’accord d’un contenu avec lui-même » (cf. Add. § 172, p.596).
En effet, depuis Saint Thomas d’Aquin, la tradition pensait la vérité de l’objet comme « adequatio res et intellectus » c'est-à-dire comme accord de la représentation et de son objet. Cet accord de la chose et de la pensée consistait à opposer de l’extérieur l’être et la pensée, l’Essence et l’Existence, le phénomène et la chose en soi.
Or, cette conception de la vérité comme accord, qui est celle de l’entendement abstrait, sera résolue dans la conception hégélienne de la vérité en tant qu’ « accord d’un contenu avec lui même », rendant par là l’opposition fixe de l’entendement immanente au travail de la Pensée elle-même.
Ainsi, Hegel pose, au départ, dans la Science de la Logique, le problème de la vérité des déterminations de pensée c'est-à-dire du procès de la concrétisation de la vérité dans l’élément de l’Essence, comme opposé à la conscience ordinaire.
Celle-ci en effet « applique » de l’extérieur à un donné les déterminations de pensée conçues comme des catégories (de quantité, qualité, relation, etc.).
Application contingente dans le rapport abstrait de la pensée à la chose où l’entendement maintient séparé son rapport à l’objet, conçu comme un donné c'est-à-dire « jeté » devant nous de façon arbitraire, et qui ne peut coïncider que de manière contingente avec la représentation.
Cet accord était pensé chez Aristote en terme de similitude entre l’extériorité formelle de l’objet et l’intériorité de la représentation.
Kant reprendra cette notion tout en la critiquant dans la Critique de la Raison pure, où il distinguera entre le phénomène, objet de notre sensibilité passive et l’activité des catégories de l’entendement.
Phénomène qui est une apparence et s’oppose à la chose en soi ou noumène qui ne peut être l’objet d’une expérience possible, et donc d’une connaissance.
Hegel se séparera rationnellement de cette séparation de l’entendement immédiat, abstrait entre l’extérieur du phénomène et l’intériorité de la chose en soi, dans la doctrine de la vérité conçue comme « accord d’un contenu avec lui même ».
L’objet n’y sera plus présupposé de l’extérieur de la pensée, Hegel dépassant la dualité de la forme et de la matière en ce sens que le levier de leur rapport sera la réflexion en soi et en autre chose, moment dans la sphère de l’Essence où l’apparition, qui exprime l’existence « dans un autre » de la Pensée, sera médiatisé ou posé c'est-à-dire pensé dans l’élément de la Pensée elle même.
Cette apparition posée de l’Essence comme existence sera le moment d’une réflexivité qui procédera à l’échange des déterminations de l’un dans l’autre, de l’être et de la Pensée, de la partie et du tout se reflétant en ses parties, de la forme et de la matière à l’intérieur de la Pensée.
Rapport qui procédera de façon immanente et nécessaire à l’identification des différences entre ses termes en même temps qu’à la résolution de leur extériorité réciproque dans l’effectivité du rapport absolu.
Ainsi, l’extériorité de l’être sera la même chose que l’intériorité de la Pensée ; l’extériorité de la Pensée et l’intériorité de l’Être seront la même chose que l’intériorité de la Pensée et l’extériorité de l’être.
Il y aura ainsi, dans la Pensée, une égalisation du rapport du sujet et de l’objet qui est le moment de l’identité du rapport lui même destiné à supprimer sa propre nécessité de « rapport » : c'est-à-dire « accord d’un contenu avec lui même » : de l’être et de la Pensée en une même Chose.
Le non vrai sera par conséquent l’abstraction en soi même, la séparation par l’entendement du sujet et de l’objet c'est-à-dire l’inadéquation liée à la séparation : c’est une représentation exacte, non vraie car séparée de l’objet.

***

Guillaume Rouillé avril 2024
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