Tu as bien fait de partir Arthur Rimbaud - René Char
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Tu as bien fait de partir Arthur Rimbaud - René Char
Tu as bien fait de partir, Arthur Rimbaud !
Tes dix-huit ans réfractaires à l’amitié, à la malveillance, à la sottise des poètes de Paris ainsi qu’au ronronnement d’abeille stérile de ta famille ardennaise un peu folle, tu as bien fait de les éparpiller aux vents du large, de les jeter sous le couteau de leur précoce guillotine. Tu as eu raison d’abandonner le boulevard des paresseux, les estaminets des pisse-lyres, pour l’enfer des bêtes, pour le commerce des rusés et le bonjour des simples.
Cet élan absurde du corps et de l’âme, ce boulet de canon qui atteint sa cible en la faisant éclater, oui, c’est bien là la vie d’un homme! On ne peut pas, au sortir de l’enfance, indéfiniment étrangler son prochain. Si les volcans changent peu de place, leur lave parcourt le grand vide du monde et lui apporte des vertus qui chantent dans ses plaies.
Tu as bien fait de partir, Arthur Rimbaud! Nous sommes quelques-uns à croire sans preuve le bonheur possible avec toi.
René CHAR
Recueil : "Fureur et mystère"
Comme promis Guillaume
Richard gabrieli et Guillaume aiment ce message
Re: Tu as bien fait de partir Arthur Rimbaud - René Char
René Char, Commune Présence II extrait de Moulin premier, 1935/1936, Le Marteau sans maitre
tu es pressé d'écrire
comme si tu étais en retard sur la vie
s'il en est ainsi fais cortège à tes sources
hâte-toi
hâte-toi de transmettre
ta part de merveilleux de rébellion de bienfaisance
effectivement tu es en retard sur la vie
la vie inexprimable
la seule en fin de compte à laquelle tu acceptes de t'unir
celle qui t'es refusée chaque jour par les êtres et par les choses
dont tu obtiens péniblement de-ci de-là quelques fragments décharnés
au bout de combats sans merci
hors d'elle tout n'est qu'agonie soumise fin grossière
si tu rencontres la mort durant ton labeur
reçois-là comme la nuque en sueur trouve bon le mouchoir aride
en t'inclinant
si tu veux rire
offre ta soumission
jamais tes armes
tu as été créé pour des moments peu communs
modifie-toi disparais sans regret
au gré de la rigueur suave
quartier suivant quartier la liquidation du monde se poursuit
sans interruption
sans égarement
essaime la poussière
nul ne décèlera votre union.
tu es pressé d'écrire
comme si tu étais en retard sur la vie
s'il en est ainsi fais cortège à tes sources
hâte-toi
hâte-toi de transmettre
ta part de merveilleux de rébellion de bienfaisance
effectivement tu es en retard sur la vie
la vie inexprimable
la seule en fin de compte à laquelle tu acceptes de t'unir
celle qui t'es refusée chaque jour par les êtres et par les choses
dont tu obtiens péniblement de-ci de-là quelques fragments décharnés
au bout de combats sans merci
hors d'elle tout n'est qu'agonie soumise fin grossière
si tu rencontres la mort durant ton labeur
reçois-là comme la nuque en sueur trouve bon le mouchoir aride
en t'inclinant
si tu veux rire
offre ta soumission
jamais tes armes
tu as été créé pour des moments peu communs
modifie-toi disparais sans regret
au gré de la rigueur suave
quartier suivant quartier la liquidation du monde se poursuit
sans interruption
sans égarement
essaime la poussière
nul ne décèlera votre union.
Guillaume- Plume de Cristal
- Messages : 254
Date de naissance : 12/11/1974
Age : 49
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Re: Tu as bien fait de partir Arthur Rimbaud - René Char
René Char , hommage à Sade
L'amour enfin sauvé de la boue du ciel,
cet héritage suffira aux hommes contre la famine
le pur sang ravi à la roseraie
frôleuse mentale en flambeau
si juteuse le crin flatté
l'odorat surmené à proximité d une colonie de délices
hèle les désirs écartés
empire de la rose déshabillée
comme gel sous l'eau noir sommeil fatal crapaud
Poèmes militants, 1932, Le Marteau sans maitre
L'amour enfin sauvé de la boue du ciel,
cet héritage suffira aux hommes contre la famine
le pur sang ravi à la roseraie
frôleuse mentale en flambeau
si juteuse le crin flatté
l'odorat surmené à proximité d une colonie de délices
hèle les désirs écartés
empire de la rose déshabillée
comme gel sous l'eau noir sommeil fatal crapaud
Poèmes militants, 1932, Le Marteau sans maitre
Guillaume- Plume de Cristal
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