Auberge des poètes
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Malcom Lowry_Au dessous du volcan_lettre d'amour

3 participants

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Malcom Lowry_Au dessous du volcan_lettre d'amour  Empty Malcom Lowry_Au dessous du volcan_lettre d'amour

Message par Guillaume Sam 28 Oct - 22:21

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Malcom Lowry_Au dessous du volcan_lettre d'amour  Empty Re: Malcom Lowry_Au dessous du volcan_lettre d'amour

Message par Victoria Sam 28 Oct - 23:14

yvonne posa la lettre sur le bord de la fenêtre comme une réponse

quelle beauté ces lettres lues ainsi qui sont muet message et quelle émotion vive remuera tout son être
je ne me souviens plus

Victoria
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Message par Guillaume Dim 29 Oct - 5:08

Merci elisa 🙏🙂
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Message par Eden de Samsara Dim 29 Oct - 22:05

« Au-dessous du volcan »
de Malcolm Lowry [extrait] – lettre d’amour ivre


Depuis décembre 1937, et que tu es partie, et c’est maintenant le printemps 1938 à ce que j’entends, j’ai délibérément lutté contre mon amour pour toi. Je n’osai m’y soumettre. Je me suis agrippé à toutes les branches ou racines qui pouvaient m’aider à franchir tout seul cet abîme dans ma vie mais je ne puis me leurrer plus longtemps. Si je dois survivre il me faut ton secours. Autrement, tôt ou tard je tomberai. Ah, si seulement tu m’avais laissé dans la mémoire de quoi te haïr en sorte qu’à la fin nulle douce pensée de toi ne me touche jamais dans mon affreuse situation ! Mais au lieu de cela tu m’as envoyé ces lettres. Mais au fait, pourquoi envoyer les premières à Wells Fargo, Mexico ? Se peut-il que tu n’aies pas compris que j’étais toujours ici ? Ou que – si j’allais à Oaxaca – Quauhnahuac demeurait ma base. C’est très curieux. Puis ç’aurait été si facile de se renseigner. Et si seulement aussi tu m’avais écrit sur-le-champ, ç’aurait pu être différent – même une carte postale à mon nom, dans la commune angoisse de notre séparation, qui en eût appelé simplement à nous, en dépit de tout, pour mettre aussitôt fin à cette absurdité – de quelque, de n’importe quelle façon – et disant que nous nous aimions ; ou autre chose, un télégramme, de simple. Mais tu as attendu trop longtemps – ou il le semble maintenant, jusqu’après Noël – Noël ! – et le Nouvel An, et ce que tu as envoyé alors, je n’ai pu le lire. Non : à peine ai-je une fois été assez libéré de mon tourment ou assez dégrisé pour saisir plus que le sens général de l’une ou l’autre de ces lettres. Mais les sentir, je le pouvais, je le peux. Je crois en avoir quelques-unes sur moi. Mais elles font trop mal à lire, comme trop longuement ruminées. Je n’essaierai pas à présent. Elles me brisent le cœur. Et de toute façon elles sont venues trop tard. Et maintenant il n’y en aura plus, je suppose.

Hélas, mais pourquoi n’ai-je pas prétendu au moins les avoir lues, agréé l’offre d’une sorte de rétractation dans le fait même de leur envoi ? Et pourquoi n’ai-je pas expédié un télégramme ou un mot tout de suite ? Ah, pourquoi, pourquoi, pourquoi ? Car je pense que tu serais revenue à temps si je t’en avais priée. Mais voilà ce que c’est que de vivre en enfer. Je ne pouvais, je ne puis te prier. Je ne pouvais, je ne puis envoyer de télégramme. Ici et à Mexico je suis resté planté là, à la Compania Telegráfica Mexicana, et à Oaxaca, tremblant et transpirant dans le bureau de poste et rédigeant tout l’après-midi des télégrammes, quand j’avais assez bu pour raffermir ma main, sans en expédier un. Et une fois j’eus une sorte de numéro de téléphone de toi et t’appelai vraiment sur longue distance à Los Angeles, mais sans succès. Et une autre fois il y eut un dérangement du téléphone. Alors pourquoi ne pas aller moi-même en Amérique ? Je suis trop malade pour me débrouiller avec les billets, pour supporter la trépidation de délire des interminables plaines à cactus. Et pourquoi m’en aller mourir en Amérique ? Il me serait peut-être égal d’être enterré aux Etats-Unis. Mais je crois que je préférerais mourir au Mexique.

En attendant, me vois-tu travaillant toujours à mon livre, essayant toujours de répondre à des questions telles que : Y a-t-il une réalité derrière, extérieure, consciente et à jamais présente, etc., accessible par n’importe quelles voies acceptables pour toutes les religions et croyances et adaptables à tous les climats et pays ? Ou me découvres-tu entre Miséricorde et Compréhension, entre Chesed et Binah (mais encore à Chesed) – en équilibre, et l’équilibre c’est tout, précaire – balançant, vacillant au-dessus de l’effroyable vide qui n’admet point de pont, de la trace qui-se-peut-à-peine-déceler de la foudre de Dieu du retour à Dieu ? Comme si j’avais jamais été à Chesed ! Ce serait plutôt le Qlipoth. Alors que je devrais avoir à mon actif d’obscurs volumes de vers intitulés Triomphe de Hurlu-nerlu ou Le Nez à la lumineuse verrue ! Ou au mieux, comme Clare, « tisser l’effrayante vision »… En chaque homme un poète avorté ! Mais c’est une bonne idée peut-être, vu les circonstances, de feindre pour le moins de suivre son grand travail sur le « Savoir secret » car on peut toujours dire, s’il ne paraît jamais, que le titre en explique l’absence.

– Mais hélas pour le Chevalier à la Triste Figure ! Car oh, Yvonne, je suis tellement hanté sans répit par tes chansons, ta chaleur et ta joie, ta simplicité et ta camaraderie, tes aptitudes à des centaines de choses, ta santé foncière, ton désordre, ton ordre tout aussi excessif – les doux commencements de notre union. Te souviens-tu de la chanson de Strauss que nous fredonnions d’habitude ? Une fois l’an les morts vivent l’espace d’un jour. Oh viens à moi encore comme autrefois en mai. Jardins du Généralige, Jardins de l’Alhambra. Et l’ombre de notre destin à notre rencontre en Espagne. Le bar Hollywood à Grenade. Pourquoi Hollywood ? Et le couvent de nonnes là-bas : pourquoi Los Angeles ? Et à Malaga, la Pension Mexico. Et pourtant rien jamais ne peut prendre la place de cette unité qu’autrefois nous connûmes et qui ne peut pas ne pas exister toujours Dieu seul sait où. Que nous connûmes même à Paris – avant l’arrivée de Hugh. Est-cela une illusion aussi ? me voilà en pleine pleurnicherie, c’est certain. Mais personne ne peut prendre ta place ; je dois le savoir à l’heure qu’il est, je ris en écrivant ceci, que je t’aime ou pas… Parfois m’envahit un sentiment des plus puissants, un égarement de jalousie désespérée qui, approfondi par l’alcool, tourne au désir de me détruire par ma propre imagination – au moins pour ne pas être en proie aux – fantômes –

Merci Guillaume j'ai adoré ROSE
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