Equivoque - Capricorne

Equivoque

La nuit lentement s’effiloche
Sur les ronces acérées du temps,
On entend les premiers chuchotements
Du gazouillis de l’eau sous la roche,
Le va et vient du sang dans les veines
Et la voix à peine audible du pouls
Qui réveille le monde de sa peine.
C’est l’heure où l’on cache les tabous,
Où la lumière devient reine.
Le signe que tu me fais de la main
Et que j’accepte sans connivence,
Car il est fragile et inhumain
Comme tout signe de survivance ;
Les perles de nuit brillent dans l’ombre,
Toutes les barrières sont tombées
Les rêves mêmes les plus sombres
Se sont évanouis sous les nuées.
Mes espoirs scrutent le zénith
De la planète vagabonde
Dont la trace comme un esquif
Possède une mouvance oblongue.
Les frémissements que nul ne perçoit
Dans les profondeurs des âmes perdues,
Sont des signaux que seul l’esprit conçoit,
Mais qui hélas ne sont jamais entendues.
Les fils de soie de notre intelligence
Se tendent sous les vibrations,
Emettant par intermittence
Les lumières de l’imagination.
Le vent du large chasse les brumes,
Le devin se penche sur ses runes
Essayant vainement de deviner
Ce qui demain pourrait le ruiner
Mais il ne voit rien en devanture.
Les rues se sont vidées de leurs passants,
Les anciens ont quittés l’aventure,
Les méharis en file indienne
Cheminent sur les sables mouvants ;
Les cris du chacal et de l'hyène
Sont de plus en plus émouvants.
Mais tous les chœurs des confidences
Ne suffiront jamais à étancher
Ni ma soif, ni mon désir de providence
Car j’aime aussi un peu tricher.

Capricorne, le 22/03/23.